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BLACK RESISTANCE

Réalisés à la fin des années 80 dans une même vague de cinéma militant et identitaire, les films réunis ici font la lumière sur la force créatrice et politique des mouvements black américains gays et féministes. Par leur inventivité, leur sens de la transgression et par leur existence même, ils ont contribué à repenser les discriminations homophobes et sexistes à travers les tensions complexes existant entre les classes sociales, les genres et les groupes ethniques. En dévoilant des stratégies de résistance tour à tour sur les modes de la révolte (A Place of Rage), de la mascarade camp (Paris Is Burning) ou de la mise en scène poétique et subjective d’une autoreprésentation gay black (Tongues Untied), ces films nourrissent aujourd’hui le développement d’une pensée post-féministe et queer pour une nouvelle politique des identités.

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SAMEDI 29 • 14 h 10 à Utopia
A PLACE OF RAGE
Pratibha Parmar, GB, 1991, 54', vidéo, vostf
(avec le soutien de Cineffable)

À partir de témoignages précieux comme ceux d'Angela Davis (Black Panthers), de June Jordan (poétesse) et d'Alice Walker (écrivaine), ce documentaire rend un hommage vibrant aux femmes afro-américaines dont les combats nourrirent tous les mouvements : droits civiques, diasporas noires et féminismes. Pratibha Parmar, réalisatrice indo-britannique majeure, est l'auteure de fictions (Nina's Heavenly Delights) mais surtout de documentaires passionnants évoquant tour à tour les mutilations sexuelles, les lesbiennes issues des minorités sud-asiatiques, les riot grrlz, l'icônisation de Jodie Foster par les lesbiennes ou encore les artistes issus des diasporas.

+ Rencontre avec Elsa Dorlin, philosophe et auteure de Black Feminism. Anthologie du féminisme africain américain (1975-2000), L'Harmattan, 2008.
Elsa Dorlin présente aussi son livre Sexe, genre et sexualités. Introduction à la théorie féministe le vendredi 28 à La Machine à Lire.



SAMEDI 29 • 20 h 30 à l'Annexe
PARIS IS BURNING
Jennie Livingston,États-Unis, 1990, vidéo, 76’, vostf
Ce documentaire mythique, lève le voile sur l’univers exalté des ballrooms de New York à la fin des années 80. Nés dans les communautés gays, drag queen et transgenres des milieux africains-américains et latinos de Harlem, les ballrooms étaient le lieu de ompétitions de danse et de défilés de mode excentriques et décalés. Dans une mise en scène de soi exubérante, parodiant les normes sexuelles et sociales de la classe blanche dominante, chacun-e était invité-e à concourir avec fierté, travesti-e selon des catégories de genres imposées : femme queen, military, butch queen, first time in drag… C’est là aussi qu’est apparu le voguing, une danse stylisée basée sur la réappropriation de poses de cover girl blanche, popularisée ensuite par Madonna dans son clip Vogue.

À travers les portraits croisés de quelques icônes légendaires de ces subcultures (Willy Ninja, Venus Xtravaganza), Jennie Livingston révèle ici le théâtre de performance mettant en jeu une affirmation de soi sur un mode parodique résolument camp.




DIMANCHE 30 • 16 h 40 à Utopia

TONGUES UNTIED (LANGUES DÉLIÉES)
Marlon Riggs, États-Unis, 1990, vidéo, 55’, vostf
Tongues Untied se fait l’écho de témoignages de gays afro-américains mettant à nu l’expérience de la dualité de leur exclusion – en tant qu’homme noir dans une société blanche et raciste, et en tant que gay dans un mouvement noir hétérosexiste.« Des hommes noirs aimant des hommes noirs, c’est l’acte révolutionnaire » scande un manifestant.
Marlon Riggs donne la parole à de nouvelles subjectivités dissidentes s’affirmant à travers le rap, la musique, la poésie déclamée sur des textes d’Essex Hemphill et le voguing – où comment les gays blacks se réapproprient les postures de top-modèles blancs de couvertures de magazines pour créer une danse stylisée.

Marlon Riggs signe un film jalon dans l’autoreprésentation des minorités sexuelles et culturelles, rejoignant Patribha Parmar (A Place of Rage) dans cette faculté à traverser les frontières par une poétique des identités multiples que relie un même activisme politique.