ciné-marges-club #31

dans le cadre de Écran Total (27-30 juillet)
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LES LÈVRES ROUGES

Un film de Harry Kumel (Belg, 1h36)
avec Delphine Seyrig

Levresrouges

« La comtesse hongroise Elizabeth Bathory, figure du 16ème siècle célèbre pour ses bains au sang de jeunes filles vierges, réapparaît dans cette délicieuse transposition où l’on retrouve le personnage historique sur la côte ostendaise au début des années 70. Entièrement subjugué par Delphine Seyrig au sommet de son glamour hypnotisant, « Les Lèvres rouges » du cinéaste belge Harry Kümel ressort en salles en version restaurée et cette nouvelle vision est à nouveau un envoûtement. Son charme désuet, fâné renvoie au personnage de la comtesse, goule qui traverse les siècles dans une errance à jamais inachevée, s’accrochant aux éclats de son lamé argenté et à ceux de bougies trop vite éteintes. Les pauses, les conversations silencieuses entre Delphine Seyrig et ce jeune couple naïf et transparent édifient une atmosphère atemporelle. Composé d’un anglais et d’une suédoise, archétypes de blond.e.s trop bronzé.e.s, et stéréotypes d’une sexualité hétéronormative, le couple est filmé comme éteint, déjà englouti par son futur. La pâleur de Seyrig, rehaussée par un rouge à lèvres violent transgresse cette sexualité là et invite à une libération des désirs. Au contraire de la sorcière, la figure de la femme-vampire ne parsème que peu le cinéma, ou de façon méconnue. Les hommes incarnent le plus souvent cette créature mystérieuse soit de par la notoriété du personnage (Dracula), soit de par le caractère souvent explicitement sexuel qui transparaît dans la séduction exercée par les hommes-vampires (Interview with a vampire-1994, Twilight-2008), attribut réservé aux mâles lorsque le premier Dracula a été réalisé (Nosferatu, 1922). La femme-vampire devient la vamp, dont les crocs en amour sont aussi blessants que des canines acérées, ou la créature satanique, assoiffée de sang et de sexe qui envahira tout un pan du cinéma de genre et de la sexploitation et dont la version bisexuelle chic est à trouver dans The Hunger (1983) et celle plus fauchée et sanglante dans Vampyros Lesbos (1971) du réalisateur culte Jess Franco. L’interprétation de Delphine Seyrig amène une représentation plus énigmatique, à la sexualité intense; femme puissante, belle et intelligente. Elle rejoint d’autres personnages de femmes libres, séductrices et magiques que la comédienne a incarnés (La fée des lilas dans Peau d’Âne-1970, Baisers volés-1968, Jeanne d’Arc de Mongolie-1989), toujours avec audace.Parmi les oeuvres de Kümel où l’on retrouve ce cinéma fantastique un peu macabre et d’une étrangeté parfois loufoque, nous vous recommandons le renommé Malpertuis (1971) adaptation du roman éponyme de l’écrivain belge Jean Ray avec un impressionnant Orson Welles et Monsieur Hawarden (1968) qui joue sur les codes du genre. Le cinéaste embrasse, avec ses Lèvres Rouges nos désirs transgressifs, et vaporeux. » (Fred Arends)

  
> suivi d’une rencontre avec Fred Arends, critique de cinéma belge  <
 

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lundi 27 juillet à 20h30
Cinéma Utopia Bordeaux
Tarifs habituels – préventes à partir du 17 juillet
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