EN CORPS + de Lionel Soukaz et Stéphane Gérard (2022, 1h05) En 1991, Lionel Soukaz initie son Journal annales, filmant sa « communauté de pédés, de pauvres, de toxicos » confrontée à l’épidémie de sida, en 2000 heures où les événements publics croisent l’intimité de son quotidien. Face à l’impossibilité de réaliser un montage qui rendrait compte de la richesse de cette démarche, Stéphane Gérard et Lionel Soukaz, pour ce film, se concentrent sur les associations, les mobilisations, les réunions : les formes collectives d’engagement parmi la diversité des fronts de lutte. > la presse en parle
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suivi d’une rencontre avec Stéphane Gérard animée par Jean-Sébastien Noël, historien
Le cinéma expérimental de Stéphane Gérard se concentre sur les luttes politiques et l’histoire des représentations du genre, de l’orientation sexuelle, du vih/sida et des personnes racisées : Rien n’oblige à répéter l’histoire (2014), La Machine avalée (2015), Entre garçons (2018). Sa pratique intègre une réflexion sur la préservation des archives audiovisuelles , la programmation de films (Human Frames) et la distribution au sein de What’s Your Flavor?, un collectif consacré à la diffusion du cinéma expérimental queer en France.
En plus des ciné-marges-club, l’association Cinémarges a relancé le Festival Cinémarges en avril. La 18 édition a lieu du 1 au 9 avril à Bordeaux et région.
OU ?
Cinéma UTOPIA Bordeaux, Bibliothèque Bordeaux Mériadeck, la Brasserie du Central Do Brasil, le Frac MÉCA, l’Université de Bordeaux, et dans des cinémas de proximité.
ciné-marges-club #48 mer 15 mars 2023 / Utopia / 20h15
TOUTE LA BEAUTÉ ET LE SANG VERSÉ
un film de De Laura Poitras (1H57)
Icône des années 1980, Nan Goldin a révolutionné la photographie, en faisant de sa vie son œuvre. Elle n’a eu de cesse de photographier ses proches dans leur intimité : fous rires, sexe, drogue, étreintes, enfants, maladie, enterrement… témoin d’une culture underground queer, elle a été percuté par les années sida, puis la drogue…
TOUTE LA BEAUTÉ ET LE SANG VERSÉ dépeint « l’action militante de l’artiste photographe Nan Goldin sur le scandale des médicaments opiacés aux États-Unis. Entre pamphlet et album de famille.
Nan Goldin est l’une des photographes les plus célèbres de sa génération, considérant la photo comme un témoin essentiel et fondamental du contemporain. Si elle est l’un des principaux fers de lance du mouvement PAIN luttant contre Purdue Pharma, le récit se double d’une biographie en forme de roman photo de Goldin. Ce dédoublement de la narration réussit la prouesse de créer un point de vue qui part de ce qu’il y a de plus intime chez une militante et artiste, pour déboucher sur des actions visant à démanteler Purdue et atteindre personnellement les héritiers de la famille Sackler. Le paradoxe pointé dans le film est que Nan Goldin est exposée dans les plus grands musées de son pays, non loin d’ailes portant le nom d’un des frères fondateurs de la famille Sackler. Tous les aspects du film semblent donc s’aligner pour former un tout où chaque partie communique avec l’autre. » (Bleu Miroir)
> en présence de Cédric Fauq et Anne Cadenet du CAPC
ciné-marges-club #47 lundi 30 janvier 2023 / Utopia / 20h15
SEULE LA JOIE
un film de Henrika Kull
(Allemagne / 90min / 2021 / vostfr)
Sascha est travailleuse du sexe dans une maison close de Berlin. Les clients en manque d’amour se succèdent, inlassablement. Mais sa rencontre passionnée avec Maria, une nouvelle venue indépendante et anticonformiste, va réapprendre à Sascha qu’elle aussi a besoin d’aimer.
« Sasha travaille dans cette maison depuis si longtemps… Sa vie file. Le train que l’on prend pour aller bosser, les petits amis qui ne restent pas, le fils qui vit chez son père et qu’on visite à l’occasion, le tout couronné de fatigue et de vague à l’âme. Impulsive, déterminée, solide en façade, comme un roc, mais c’est une façon pour Sasha de se protéger. Plus qu’à son tour, elle encaisse et s’est forgée une carapace, croit-elle, indestructible. L’arrivée d’une nouvelle « pensionnaire », Maria, va ébranler ce bloc de certitudes. Maria est tout le contraire de Sasha : seule, non-conformiste et queer. Là où Sasha, blessée par la vie, serait en quête d’une joie à laquelle elle se refuse, Maria tient fermement le cap de son indépendance. Les valeurs des deux femmes, leurs quotidiens entrent en collision permanente. Et pourtant, se découvrant peu à peu, elles s’offrent des regards profonds, des sourires à se damner. Elles se captent, s’apprivoisent, se choisissent. Et c’est le début d’une histoire forte, transgressive, belle, grâce à laquelle elles explorent des contrées inconnues, qui les fait s’abandonner et se libérer de leurs peurs.
C’est une évidence, Henrika Kull aime ses comédiennes, au point de leur laisser une liberté folle de jeu et d’articuler sa mise en scène autour d’elles. Elles sont deux, principalement, à crever l’écran dans ce film aussi délicieusement cru (on évitera avec soin de le présenter devant les yeux les plus chastes) qu’attachant : Katharina Behrens, Adam Hoya, qui incarnent les héroïnes Sasha et Maria. Elles parmi toutes les autres, les femmes-ouvrières qui font vivre cette maison close berlinoise – plus qu’un décor, un véritable personnage qui palpite au cœur du film. Seule la joie nous plonge dans le quotidien et les rituels de ces femmes : les lits qu’on fait et défait, les tenues qu’on choisit, l’attente, les pauses sur les sofas… et surtout les relations qui les unissent. Tendres, drôles, sans fards, elles transpirent de spontanéité. En immersion, invités dans l’intimité des échanges des filles de joie, on est du côté de L’Apollonide de Bertrand Bonello. Comment ces femmes appréhendent-elles la féminité ? Comment se comportent-elles entre elles ? Comment se comportent-elles avec leurs clients ? Raconter à travers une fiction mais en se tenant au plus près du réel le quotidien d’une maison close, sans esbroufe ni angélisme, sans tape-à-l’œil et surtout sans céder aux facilités ni de la représentation fantasmatique, ni de la dénonciation moralisatrice et sans nuances. C’est sur ce fil ô combien fragile que la réalisatrice, parvient à faire tenir son film en délicat équilibre. Pour y parvenir, elle a patiemment mené un long travail de recherche dans des maisons closes, beaucoup échangé avec les femmes qui y travaillent, décidé de leur faire jouer leurs propres rôles, en décors réels, aux côtés de comédiennes et comédiens professionnels. Le film prend parfois d’inattendus chemins de traverse, avance par petites touches impressionnistes pour mieux cerner et nous faire ressentir, par-delà la crudité des scènes, toute la pureté des sentiments. L’acharnement de ces deux femmes à conserver un lien toujours plus intense nous revigore et nous nourrit au plus profond. » (Utopia)
ciné-marges-club#46 vendredi 11 nov 2022 / Molière / 17h15
TRAMPS !
un film de Kevin Hegge ( Canada, 2022, 104min, vost)
Londres 1980, une esthétique “nouveau riche” aux racines ouvertement queer émerge… quand paradoxalement tout le monde est pauvre ! Le “Nouveau Romantisme” défie le climat politique et culturel de l’époque et relie de façon exceptionnelle la mode, la musique, la danse, le cinéma, la presse et l’art.
Sa radicalité “proto-drag-queen”, dont Boy George, Visage et Leigh Bowery restent les icônes, n’est que la suite des “outrages 70’s” de Bowie, Roxy Music ou Derek Jarman. Ce film éclaire ce contrepoint fun et créatif du punk, injustement occulté, dans un superbe montage audiovisuel kaléidoscopique rempli de personnages extravagants et plein d’esprit.
Un plaidoyer sur la culture des Jeunes, refusant toute nostalgie, une conversation entre les créateurs d’art du passé et du présent sur l’intemporelle question de comment faire de l’art et survivre : créativité et consumérisme.
+ Projection suivie d’un échange avec le réalisateur
ciné-marges-club #45 mardi 1er novembre 2022 / Utopia / 20h15
CLOSE un film de Lukas Dhont ( Belgique, 1h45, 2022)
Léo et Rémi, 13 ans, sont amis depuis toujours. L’été est le théâtre de leur candeur, entre enfance et adolescence. Mais la nouvelle rentrée des classes semble briser quelque chose…
« J’ai écrit plusieurs mots sur le papier : amitié, intimité, peur, masculinité… C’est à partir de là que CLOSE est né. » déclare Lukas Dhont, réalisateur de « Girl », reçu en ciné-marges-club (en 2018).
Grand Prix du Jury à Cannes 20022
+ suivi d’un échange avec l’association CONTACT (dialogue entre les parents, les LGBT et leurs familles)
JOYLAND un film de Saim Sadiq ( Pakistan, 2h06, 2022, vost)
Le parcours de Haider qui vit avec sa femme dans une maison familiale ne garantissant aucune intimité. En tombant sous le charme de Biba, danseuse transgenre pour laquelle il travaille, il va déclencher des bouleversements en série avec en ligne de mire l’émancipation, la rébellion contre les normes sociales dans un pays où tout est très codifié.
En présence de Franck-Finance Madureira, journaliste cinéma (Komitid, FrenchMania), fondateur de la Queer Palm.
Avec Alina Khan, première actrice transgenre pakistanaise à obtenir une reconnaissance internationale.
En 2018, le Pakistan a adopté un projet de loi historique sur les droits des transgenres qui accorde aux citoyens trans du pays des droits fondamentaux, notamment l’interdiction de la discrimination et du harcèlement…
ciné-marges-club #43
mar 6 septembre / Utopia / 20h15
en présence du réalisateur
FEU FOLLET un film de Joao Pedro Rodrigues ( Portugal, 1h07, 2022, vost)
Sur son lit de mort, Alfredo, roi sans couronne, est ramené à de lointains souvenirs de jeunesse et à l’époque où il rêvait de devenir pompier. La rencontre avec l’instructeur Afonso, du corps des pompiers, ouvre un nouveau chapitre dans la vie des deux jeunes hommes plongés dans l’amour et le désir, et à la volonté de changer le statu quo.
Une parenthèse enchantée, signée du réalisateur portugais, Joao Pedro Rodrigues, fidèle à Cinémarges (venu pour « Mourir comme un homme » et « L’ornithologue »).
DVD et affiches de cinéma à gagner, en collaboration avec Outplay
ciné-marges-club #42
mar 17 mai / Utopia / 20h30
UN VISA POUR LA LIBERTÉ – MR GAY SYRIA un film de Ayse Toprak (2017, Fr-All-Turquie, 88min, vost)
Hussein, 24 ans, est coiffeur à Istanbul. Syrien, il a fui la guerre. Marié de force et papa d’une petite fille, il désire plus que tout vivre sa sexualité au grand jour. Il rencontre d’autres hommes en exil, lors de sa participation à l’élection de Mr Gay Syria, concours organisé par Mahmoud, réfugié à Berlin et défenseur des droits des LGBT au Moyen-Orient. Cette compétition représente pour eux la possibilité de participer au concours de Mr Gay World afin de gagner un visa pour l’Europe où trouver refuge et protection.
Avec une grande délicatesse, la réalisatrice dresse le portrait de ces réfugiés en quête d’un avenir plus lumineux. Si l’élection est un prétexte, il s’agit d’un moment de solidarité exceptionnel. Dans la lignée de « Flee », un film incarné sur la crise des réfugiés LGBT. en savoir +
suivi d’une discussion animée par le Girofard en présence d’Hussein et de Wisam, protagonistes du film, ainsi que Amnesty International et La Ligue des Droits Humains. À l’occasion de la Journée Mondiale contre les LGBTphobies.
> mar 17 mai à 20h15 au cinéma Utopia (tarifs habituels)